Aménagement du territoire

La modernisation agricole, et l’obligation imposée par les pouvoirs publics, de produire toujours plus, et de rentabiliser au mieux les investissements, ont conduit les agriculteurs à considérablement modifier leurs outils de production, en l’occurence « la tonne ».

En quelques décennies, la surface moyenne des parcelles, la taille des engins agricoles, et leur vitesse d’utilisation n’ont cessé d’augmenter. Le productivisme conduit à rentabiliser au maximum les investissements, et à produire toujours plus.

Il n’est pas question ici, de faire le procès des agriculteurs qui sont les partenaires naturels et incontournables des chasseurs et des gestionnaires de chasse, mais simplement de décrire la situation actuelle.

Il n’est pas question ici, de faire le procès des agriculteurs qui sont les partenaires naturels et incontournables des chasseurs et des gestionnaires de chasse, mais simplement de décrire la situation actuelle. Plus les parcelles de cultures sont grandes, moins elles sont accueillantes pour la faune sauvage en général, et pour la perdrix, en particulier.

Pour comprendre cette situation, il faut avoir à l’esprit, que la perdrix grise est un oiseau de lisière qui ne fréquente (pour établir son territoire), que les 10 à 30 premiers mètres d’une culture. A partir de ce constat, on s’aperçoit sur le terrain, grâce à la télémétrie, que les couples de perdrix sont toujours aux carrefours, entre 2 ou 3 cultures.

Pour mieux comprendre ce besoin, prenons l’exemple d’une parcelle de céréales de 100 Ha, qui, pour l’exemple, serait un carré parfait de 1 Km sur 1 Km. Cette parcelle possèderait 4 kilomètres de lisières. Dans la pratique, quelques couples s’installeraient en périphérie de cette parcelle.

En aménageant ce territoire, et par exemple, en coupant en deux cette grande parcelle, on augmente la capacité d’accueil.

Mieux encore, en disposant quelques aménagements à vocation cynégétique (haies, cultures à gibier, ou jachères faunes sauvages), on peut facilement augmenter la capacité d’accueil du territoire, et le rendre extrêmement favorable au petit gibier.

Aujourd’hui, nos partenaires agriculteurs ont pour la plupart, intégrés l’intérêt de l’aménagement des territoires et de la préservation des éléments fixes du paysage.

Pour aider les chasseurs et les agriculteurs dans leurs démarches de gestion, la Fédération des Chasseurs de l’Eure a appliqué une politique de subvention à l’aménagement des territoires.

La Haie

La Fédération départementale des Chasseurs de l’Eure s’est, depuis plus de 15 ans, largement impliquée dans la mise en place de haies, à vocation environnementale et cynégétique, en partenariat avec les chasseurs et les agriculteurs. En quinze ans, près de 170 km de haies et de buissons ont été implantés.

La Fédération subventionne l’intégralité du coût des plants, prenez contact avec votre technicien de secteur si vous êtes intéressés par la mise en place d’une haie.

Avantages agronomiques d’une haie

Les haies et autres éléments fixes ont un impact positif direct sur la biodiversité par la capacité qu'ils ont à offrir protection et nourriture à la faune sauvage. Ces éléments servent de repère fixe au gibier de plaine et peuvent contribuer à la reproduction aussi bien du petit que du grand gibier. Ces aménagements mis en place par les agriculteurs, chasseurs, pêcheurs et les autres gestionnaires de la nature permettent une amélioration constante de la biodiversité (qualité de l'air, qualité de l'eau, nature et habillement du paysage, santé, énergie, loisir,…). Les corridors écologiques comme les haies, les chemins ou les rivières, et les points fixes comme les buissons, les abris-buses, les pylônes électriques et autres restent incontestablement un repère quotidien pour le gibier de plaine.

Mais de nos jours, alors que l'on parle de plus en plus de l'intensification de l'agriculture, les exploitants diminuent, détériorent ou encore arrachent ces éléments en oubliant les bienfaits agronomiques que peuvent présenter des haies, des bandes enherbées, des chemins, et autres points écologiques.

Au niveau des cultures

  • Pollinisateur
    Les haies offrent la possibilité de fleurs donc une présence d'insectes pollinisateurs et ainsi une meilleure pollinisation des cultures avoisinantes.
  • Aides aux cultures
    Les haies permettent d'attirer les insectes et donc peuvent aussi attirer les insectes parasites aux cultures. Ces éléments peuvent également attirer mulots, musaraignes et autres petits rongeurs. On parle souvent de lutte biologique intégrée. Ces haies et autres bandes enherbées offrent une réserve en vers de terre, éléments indispensables pour la pratique agricole.
  • Coupe-vent
    Les hautes haies (peupliers en ligne) présentent un effet coupe-vent donc dans un premier temps limitation de l'évapotranspiration, donc un meilleur fonctionnement des stomates et donc un meilleur fonctionnement photosynthétique. Dans un deuxième temps, les coupe-vents permettent de limiter les gros couloirs d'air (par exemple : effet sur la température au sol, limitation de la verse des céréales,…).
  • Apport de matière organique
    Si les haies présentes en bord de parcelles sont constituées de feuillus, à l'automne les feuilles mortes apportent une certaine quantité de matière organique au sol.

Au niveau de l'élevage

  • Protection
    Les haies (plus ou moins hautes) amènent une protection d'une part ombragée pour le bétail si de fortes chaleurs se présentent ou un soleil très fort, et d'autre part une protection contre le vent ou le froid si des animaux venaient à rester l'hiver dehors.
  • Limitation
    Les haies très denses peuvent quant à elles servir de limite aux parcelles et aux herbages. Elles présentent plus d'avantages que des fils barbelés (esthétique, sécurité,…).

Au niveau du sol

  • L'érosion
    Les éléments fixes comme les haies de part leur système racinaire permettent de mieux structurer le sol (notamment les sols limoneux) en plein champ mais également le long des rivières. Cet avantage est d'autant plus utile sur des territoires présentant un relief vallonné ou de pentes abruptes.
  • Rôle filtrant
    Les haies peuvent pomper grâce aux racines les surplus des produits phytosanitaires non consommés par les cultures. Mais également absorber l'azote lixiviée et ainsi assurer une meilleure qualité des eaux de ruissèlement en diminuant le taux des nitrates.
  • Ecoulement des eaux
    Le système racinaire des composants d'une haie en s'implantant dans le sol offre une voie vers les nappes phréatiques ainsi l'eau ruisselle vers ces nappes et les produits la contenant (ions minéraux, azote,…) sont retenus en parti par les plantes.

Les cultures à gibier

Les cultures à gibier implantées sur les territoires de chasse ont 3 buts essentiels :

  • Apporter du couvert fixe à la faune sauvage
  • Des points de repère dans le paysage,
  • Et une source de nourriture.

Implantés en rupture de parcellaires, ces aménagements se renouvellent comme de véritables réservoirs de biodiversité (le nombre et la diversité des insectes y est parfois multiplié par 10, par rapport aux cultures agricoles) qui accueillent aussi bien des insectes, des oiseaux, des mammifères, avec une diversité remarquable.

De nombreuses variétés peuvent être implantées sur les zones de cultures à gibier, soit seules (maïs, luzerne), soit en mélanges (maïs-millet, choux-avoine-sarrasin). Le but recherché étant d’apporter couvert, et/ou, nourriture.

Les jachères à gibier

Développées dans notre département depuis 2004, les jachères fleuries, de leur vrai nom « jachères faunistiques et apicoles » ont connu un vif succès qui ne s’est jamais démenti.

Outre le fait qu’elles sont un extraordinaire vecteur de communication, elles présentent également un véritable intérêt environnemental en offrant une source de nourriture aussi bien aux insectes pollinisateurs qu’à la faune sauvage de façon générale.

Les petits passereaux granivores y trouvent une source de nourriture indispensable en période de migration, pour s’en convaincre, il suffit d’observer, en septembre-octobre, les dizaines de verdiers, de chardonnerets, ou de pinsons qui y trouvent refuge.

Les agrainoirs

Souvent décriés par les détracteurs de la chasse qui considèrent l’agrainage comme un « nourrissage », visant à conserver le gibier sur son territoire, l’agrainage de la petite faune en période de disette est incontournable pour apporter une nourriture d’appoint. Agrainer, c’est rendre au petit gibier ce que le modernisme agricole lui a pris.

Il y a encore 30 ou 40 ans, une moissonneuse-batteuse laissait au minimum, 200, ou 300 kilos de blé, à même le sol après récolte.

Aujourd’hui, les moissonneuses-batteuses, beaucoup plus performantes, ne laissent que quelques kilos de graines au sol. Mettre en place des agrainoirs permet de répondre aux besoins des oiseaux en période où la nourriture fait défaut (printemps, hiver), en été et en automne, les ressources en nourriture sont plus variées et abondantes, et ne nécessitent pas forcément un agrainage permanent. Cependant, pour la perdrix grise, un agrainoir judicieux est placé sur le territoire.

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